[livres]

Le plus ancien roman du monde

MURASAKI Shikibu
Le Dit du Genji

Le Dit du Genji, monument de la littérature japonaise (54 livres), est une fresque romanesque de la société courtoise de l'époque de Fujiwara. Selon le poète et homme d'Etat du XVe siècle Ichijo Kaneyoshi, "de tous les trésors du Japon, le Genji monogatari (le Dit du Genji) est de loin le plus précieux". Dans ce roman de l'an mil, la fiction est plus vraie que la réalité historique. Cette oeuvre monumentale imaginée par la dame d'honneur et femme de lettres Murasaki Shikibu (978?-1014) conte les aventures galantes du Genji (prince et héros principal) et de son fils. Peinture minutieuse de la vie à la cour, le Dit du Genji évoque avec finesse et précision la société du temps, à la fois esthète et désabusée, prônant la sensibilité comme vertu suprême, signe d'une âme noble. Un subtil et sensuel jeu de l'amour entre l'homme et la femme dans lequel le désir côtoie le fantastique. Le culte de la beauté traverse ce récit, celui d'une pionnière qui initia une grande tradition de littérature féminine. (© Éditions Pof - titre original "Genji monogatari")

Les grands "classiques"   
ABE Kôbô
La femme des sables
Heurs et malheurs d'un homme qui, parti à la recherche d'un insecte des sables, échoue dans un petit village perdu au fond des dunes. Commence alors un étrange cauchemar... La Femme des sables est incontestablement l'un des plus grands romans de la littérature japonaise contemporaine. Traduit dans le monde entier, il a été couronné, au Japon, par le prix Akutagawa (1962) et, en France, par le prix du Meilleur Livre étranger (1967).
(© 1962, trad. 1992 Biblio Romans)
DAZAI Osamu
Soleil couchant
Une femme de l'aristocratie nippone doit quitter pendant la guerre son hôtel particulier de Tokyo pour aller vivre modestement dans un petit chalet de montagne. Sa fille, Kazuko, travaille la terre. Son fils, Naoji, revient de la guerre intoxiqué par la drogue. Le frère et la sœur se durcissent contre le malheur des temps et clament leur révolte et leur désespoir. Tels sont les "gens du Soleil couchant" (lancée par Osamu Dazai, cette expression a fait fortune au Japon, au point de qualifier aujourd'hui, jusque dans les dictionnaires, les membres déchus de l'aristocratie). Document de première importance sur l'effondrement d'une société, Soleil couchant est aussi - et c'est ce qui donne à l'œuvre son accent dramatique si personnel - un document sur un homme en qui l'on s'accorde à reconnaître l'un des plus grands écrivains de son pays.
(© 1961 trad. Éditions Gallimard, collection l'Imaginaire)
ENDÔ Shûsaku
La fille que j'ai abandonnée
Pour Yoshioka, son aventure d'une nuit avec la naïve et fragile Mitsu est sans lendemain. Il l'abandonne et ne se préoccupe plus que de réussir dans la vie. Mais après quelques années, peu à peu, l'idée de la revoir l'obsède. Il va la rechercher dans tout Tokyo et découvrir son tragique destin…
(© 1964, 1994 trad. Éditions Denoël)
INOUE Yasushi
Shirobamba
Ce roman-là, tous les Japonais le connaissent par cœur. Très largement autobiographique, il raconte l'enfance, au début du siècle, d'un petit garçon, élevé comme le fut Inoué lui-même, non par ses parents, mais par la maîtresse de son arrière-grand-père, une ancienne geisha. Entre la vieille femme et l'enfant se tisse une relation toute de tendresse, une complicité un peu féerique...
(© 1960, 1991 trad. Éditions Denoël)
KAWABATA Yasunari
Kyôto
Kyôto, qui fut écrit en 1962, est sans doute l'œuvre de Kawabata qui explique le mieux son suicide, dix ans plus tard, comme d'ailleurs le suicide de tant d'écrivains et de grands intellectuels japonais postérieurs à la "révolution" de l'ère Meiji. Kyôto raconte l'histoire de deux jumelles, très tôt orphelines, qui ont été élevées séparément. Elles ne se retrouvent qu'une fois devenues jeunes filles. Mais elles ont été formées par des milieux à ce point différents que, d'elles-mêmes, elles décident de ne plus se revoir.
Au-delà de ce thème très simple, c'est tout le drame du Japon moderne qui est le sujet de Kyôto : l'européanisation puis, après Hiroshima, l'américanisation accélérée d'une société qui avait jusqu'alors vécu sur des bases sociales, culturelles et morales entièrement autres. C'est la décadence, la mercantilisation et l'enlaidissement irrémédiables de l'ancienne capitale de l'Empire du Soleil levant que ce grand roman sobre et pur nous permet de comprendre. Dès lors, la dimension universelle du Kyôto de Kawabata n'échappera à personne.
(© 1962, 1971 trad. Éditions Albin Michel)
   
MISHIMA Yukio
Le Pavillon d'Or
Inspiré d'un fait réel, le roman raconte l'histoire d'un jeune moine suicidaire qui veut détruire le pavillon d'or, joyau de l'architecture religieuse japonaise. Un moinillon finit par détruire ce qu'il considère comme une insupportable perfection. Ce récit, l'un des plus puissants de Mishima, est un véritable voyage au cœur de l'âme japonaise.La crudité de certaines descriptions et l'intensité des sentiments, toujours présentes chez Mishima, atteignent ici une sorte de perfection.
(© 1956, 1961 trad. Éditions Gallimard)
  
Confession d'un masque

Confession d'un masque est une oeuvre saisissante car elle raconte l'enfance et l'adolescence d'un jeune japonais dont les ressemblances avec Mishima sont frappantes (même âge, contexte familial...). Mishima analyse remarquablement l'admiration du narrateur pour un de ses camarades plus âgé, cette admiration se muant rapidement en un désir. Des pages qui décrivent l'attirance foudroyante pour ce corps, la recherche de la nudité de l'autre.
(© 1949, 1971 trad. Éditions Gallimard)

  
MORI Ogai
Le jeune homme
Koizumi Jun'ichi, jeune étudiant, aspire à devenir écrivain. Il se trouve plongé dans les discussions intellectuelles et artistiques de l'ère Meiji, qui portent notamment sur la nécessaire modernisation de la culture nippone. Parallèlement, le jeune homme fait son initiation sentimentale par l'intermédiaire de trois figures féminines: la jeune femme, la geisha, la femme mariée.
Mori Ogai, de son vrai nom Mori Rintaro, est issu d'une famille de médecins au service de la seigneurie de Tsuwano. Après quelques années en Europe, principalement en Allemagne, il revient au Japon ou il commence sa production littéraire avec son premier roman Maihime (La Danseuse) et enchaînera par la suite nouvelles, traductions, critiques littéraires, théâtre... Pour finalement revenir au roman avec ce qui reste son chef-d'oeuvre, Vita Sexualis. Menant de front carrière littéraire et carrière médicale, il participa aussi, en tant que médecin militaire (et au grade de général), aux guerres sino et russo japonaises. Personnage important de son époque (il est considéré, au même titre que Natsume Sôseki, comme le plus grand écrivain japonais du début du XXe siècle), il occupera également des places importantes dans la vie publique japonaise : directeur du musée de la Maison impériale, président de la Commission provisoire de la langue japonaise.
SÔSEKI Natsume
Je suis un chat
Ce roman raconte la vie quotidienne d'un professeur d'anglais de Tokyo et de ses amis alors que le Japon, avec la réforme Meiji, s'ouvre à l'Occident et change jour après jour. Le narrateur est le chat du professeur, qui tout en étant très conservateur, observe et juge son maître qui a beaucoup de mal à trouver sa place dans le nouveau Japon en cours de construction. Un Japon s'éteint, un autre naît, l'auteur nous montre avec beaucoup d'humour les problèmes posés par la réforme, et comment un certain nombre de personnes sont ainsi laissées sur la route, et ne comprennent pas pourquoi tant de choses doivent changer... Humour subtil.
(© 1905, 1978 trad. Éditions Gallimard)

La porte
On croit d'abord plonger avec délices dans l'intimité d'un couple sans histoires et, peu à peu, dans le cours de ces vies ordinaires, Sôseki dessine un admirable portrait de couple. Les personnages de Sôseki s'abandonnent à une triste résignation que l'auteur sait mieux que quiconque dépeindre avec une profondeur et une sincérité magistrales.
(© 1910, 1987 trad. Éditions Philippe Picquier)
  
TANIZAKI Junichirô
Le goût des orties
Le personnage central de ce roman écrit en 1928 est un Japonais occidentalisé, déraciné, ayant rompu avec la tradition culturelle et religieuse de son pays. Kaname est foncièrement agnostique, préoccupé seulement de quelques problèmes d'éthique. A sa femme Misako, qui a pris un amant, il préfère Louise la belle Eurasienne. Le beau-père de Kaname, vieillard esthète, amateur de bunraku, théâtre de marionnettes dont la tradition s'est à peu près perdue, comprend que l'échec de ses enfants est dû à l'effondrement de la vie traditionnelle japonaise, sous l'influence de l'Occident.
Kaname, initié par son beau-père, retrouve la tradition avec l'aide d'O-hisa, l'éternel féminin descendu de quelque estampe, et à travers le théâtre de marionnettes d'Osaka, la Chicago nippone, mais qui a gardé quelques aspects de son folklore ancestral. À la fin du roman, nous devinons que Kaname, tiraillé entre le passé et l'avenir, opte pour le passé.
(© 1928, 1959 trad. Éditions Gallimard)
voir aussi "L'éloge de l'ombre" dans la page "essais, culture japonaise"