[livres]

Tokyo électrique (collectif)
Tokyo, cité mouvante et paradoxale, ville des exaltations et des désespoirs économiques, lieu de fantasmes et de solitude. Cinq écrivains japonais encore inconnus en France nous font découvrir sa complexité à travers des nouvelles qui exploitent toute la richesse du genre. Ils décrivent la femme réduite au rêve, la prostitution, l'homme déboussolé, l'impuissance et les miracles qui peuvent survenir dans les métros, les rues, les dancings et les appartements de la métropole japonaise. Un recueil de nouvelles comparable à un prisme dont les multiples facettes nous ouvrent l'accès à un peu de la réalité d'une ville insaisissable. (© Autrement)
HIRAIDE Takashi
Le chat qui venait du ciel
Quand le narrateur et sa femme emménagent un jour dans le pavillon indépendant d'une ancienne demeure japonaise, ils ne savent pas encore que leur vie va s'en trouver transformée. Car cette demeure est entourée d'un immense et splendide jardin, et au cœur de ce jardin, il y a un chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin, gagné peu à peu par l'abandon, foisonnant d'oiseaux et d'insectes. Tout le charme infini de ce livre tient dans la relation que le couple va tisser avec ce chat qui se fond dans la végétation exubérante pour surgir inopinément, grimpe avec une rapidité fulgurante au sommet des pins gigantesques, frappe à la vitre pour se réconcilier après une brouille. Un charme menacé, car ce qui éveille en nous la beauté et appelle le bonheur est toujours en sursis...
IKEZAWA Natsuki
Les singes bleus
Yoriko, une jeune volcanologue brillante et carriériste, se laisse influencer par la prédiction d'un astrologue annonçant l'éruption de l'Asama, au coeur des Alpes japonaises, le volcan sur lequel elle travaille. La veille du jour prévu, seule dans la nuit noire, Yoriko gravit les pentes de l'Asama pour atteindre la bouche du cratère à l'heure dite...
ISHIDA Ira
Ikebukuro West Gate Park
Bienvenue à Ikebukuro Park. Dans ce square ouvert aux aventuriers urbains, à la sortie ouest de la gare d'Ikebukuro, se croisent les filles en minijupe et les musiciens en herbe jusque tard dans la nuit. C'est là que Makoto et sa bande d'amis ont établi leur QG.
ISHIGURO Kazuo
Les vestiges du jour
Les vestiges du jour, troisième roman de Ishiguro Kazuo, examine les intersections de la mémoire individuelle et de l'histoire nationale à travers l'esprit de Stevens, un maître d'hôtel anglais modèle qui croit avoir servi l'humanité en consacrant sa vie au service "d'un grand homme", Sa Seigneurie Lord Darlington. Juillet 1956 à Darlington Hall, le domaine a été acheté par un homme d'affaire américain Mr. Farraday. Stevens entreprend un voyage solitaire et voyageant plus loin des environnements familiers il s'engage également dans un voyage déchirant à l'intérieur de sa propre mémoire. Kazuo Ishiguro, déraciné notoire et britannique dans l'âme, nous livre un roman touchant et fulgurant qui s'inscrit parfaitement dans une oeuvre déjà fondamentale. Ce roman a reçu le Booker Prize 1989.   
Quand nous étions orphelins

Christopher Banks, célèbre détective anglais des années trente, se souvient : son enfance à Shangai dans le quartier international, son ami japonais Akira, son "oncle" Philippe et la seule affaire qu'il n'a jamais pu encore résoudre : la disparition subite de son père, puis celle de sa mère, une affaire qui, à l'âge de dix ans, l'obligea à partir pour l'Angleterre, terra incognita. Peu à peu, les évocations se font plus vivaces et minutieuses, des visages oubliés réapparaissent et les souvenirs associés à l'enlèvement de ses parents s'ajoutent les uns aux autres pour former un vaste puzzle auquel il manque pourtant des pièces. Christopher est alors persuadé que seul un séjour à Shangai, à la veille d'un inévitable tumulte planétaire, peut lui permettre d'enfin retrouver ses parents.

Auprès de moi toujours
Jadis, Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham ; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelle raison les avait-on réunis là ? Bien des années plus tard, Kath s'autorise enfin à céder aux appels de la mémoire et à tenter de trouver un sens à leur passé commun. Une histoire d'une extraordinaire puissance, au fil de laquelle Kath, Ruth et Tommy prennent peu à peu conscience que leur enfance apparemment heureuse n'a cessé de les hanter, au point de frelater leurs vies d'adultes.

ITOYAMA Akiko
Le Jour de la gratitude au travail
Deux récits, mordants et drôles, sur le monde du travail au Japon, vu du côté féminin. Après avoir été virée pour avoir molesté son patron qui s'était montré obscène et insultant, voilà Kyôko qui accepte une "rencontre arrangée" avec un homme infatué de lui-même et de la taille… de son entreprise.
KAKUTA Mitsuyo
Celle de l'autre rive
Sayoko est prête à accepter n'importe quel travail pour sortir de son statut de femme au foyer. Elle rencontre Aoi, une chef d'entreprise célibataire brillante qui l'embauche. Bien que Sayoko passe ses journées à nettoyer des appartements, elle retrouve sa joie de vivre en même temps qu'elle retrouve dans les attitudes et les traits d'Aoi une ressemblance avec une amie d'enfance.
KAWAKAMI Hiromi
Cette lumière qui vient de la mer

Au lycée, Edo Midori a pour meilleur ami Hanada, qui se travestit en fille pour "rompre son osmose avec le monde". A la maison, il y a sa mère, journaliste en free-lance et parent un brin irresponsable, et sa grand-mère, adepte de la règle qu'il faut dire toute la vérité aux enfants.
Les années douces

Tsukiko rencontre par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs après son travail, son ancien professeur de japonais. L'histoire qui va se tisser entre eux est si simple qu'il est difficile de dire pourquoi on ne peut la quitter.
La brocante Nakano
A Tokyo, la brocante Nakanô n'est pas un repaire d'objets chers, mais plutôt originaux et incongrus, comme parfois les clients qui la fréquentent. La boutique est comme le moyeu d'une roue de la vie où se croisent, s'aiment et s'échangent les personnages, au gré de leurs attirances et de leur fantaisie. Les liens qui se nouent entre eux ont quelquefois un brin d'étrangeté, un mystère que la plume de Kawakami manie avec le délicat humour qui lui est coutumier.
KIRINO Natsuo
Disparitions
A dix-huit ans, Kasumi est montée dans un bus et a fui la maison familiale pour tenter sa chance à Tokyo. Après quinze ans d'absence, elle revient pour quelques jours à Hokkaido. Mais plus elle se rapproche de cette région inhospitalière de montagnes rudes et de mer grise, plus elle éprouve une inquiétude diffuse. Peut-être est-ce parce qu'il y a, toute proche, cette ville natale qu'elle a oubliée. Est-ce l'incongruité de la situation dans laquelle elle se trouve, dans cette voiture, entre son mari, ses enfants et son amant ? Ou ressent-elle confusément résonner entre ces montagnes écrasantes tous les signes de la tragédie à venir : la disparition inexplicable de sa petite fille... Commence alors pour Kasumi une lente dérive, une enquête désespérée au cours de laquelle elle recevra l'aide inattendue d'Utsumi, un ancien inspecteur de police.
KIRISHIMA Kazuhiro
Mémoires d'un lutteur de sumô
Il est rare qu'un lutteur de sumô écrive un livre. Celui-ci a été publié par un glorieux ex-ozeki de trente-sept ans, aimé et célébré comme un demi-dieu. Mais, pour gravir un à un les échelons, il lui aura fallu vivre un apprentissage rigoureux : endurer un régime alimentaire à la limite du gavage, supporter un entraînement physique éprouvant et développer une force spirituelle à toute épreuve. Car, "vaincre dans le sumô, c'est aussi se vaincre soi-même". Une devise qui a inspiré ces immortels pour une lutte déployée dans un espace qui ne mesure même pas cinq mètres de diamètre et qui ne dure pas dix secondes ! Ce témoignage exceptionnel -enrichi d'un glossaire et d'un long développement sur l'histoire et les techniques propres à ce sport qui confine parfois à l'art- offre au lecteur le privilège de pénétrer par la porte secrète dans le monde du sumô, cet univers si énigmatique qu'il semblait, jusque-là, interdit aux non-initiés.
 
KOIKE Mariko
Je suis déjà venue ici
Il souffle un vent de liberté et d'insolence sur ces onze récits de Koike Mariko, dont l'unité est si grande qu'ils forment comme autant de chapitres d'un même livre. Les hommes, et surtout les femmes, y affrontent la vie et l'amour sans se soucier de la morale ou des convenances sociales.
(voir aussi Koike Mariko dans la rubrique "polars")
MATAYOSHI Eiki
Histoire d'un squelette
Humour et fantastique se croisent dans le roman de cet auteur qui occupe une place à part dans la littérature japonaise, car originaire d'une île à l'identité très forte, celle d'Okinawa. Un jeune professeur de grammaire japonaise au chômage lit dans un journal local qu'un squelette de femme a été découvert dans les ruines d'un château préhistorique, au nord de l'île d'Okinawa.
MATSUOKA Takashi
Samouraï
1er janvier 1861. L'Etoile de Bethléem fait escale dans le port d'Edo, capitale du Japon. A son bord, trois missionnaires américains, deux hommes et une femme, venus apporter aux païens la Véritable Parole des Apôtres de Notre-Seigneur Jésus-Christ... Mais après plus de deux siècles d'un isolationnisme farouche, le pays du Soleil levant, contraint et forcé d'ouvrir ses portes aux nations étrangères, ne se laisse pas aisément séduire par le chant des sirènes. Sans l'intervention personnelle du jeune seigneur Genji no Okumichi - qu'on dit prophète - et de la sublime geisha Heiko, l'œuvre des missionnaires serait d'emblée vouée à l'échec. C'est ainsi que, dans ce pays de contrastes dominé par l'ordre féodal des samouraïs et rongé par les luttes intestines, les destins du seigneur et de ses hôtes vont s'entremêler. Avec une intrigue aux rebondissements incessants, une vaste galerie de personnages hauts en couleur et un art de la narration remarquable, Takashi Matsuoka nous livre avec Samouraï un somptueux roman d'aventures, dépaysant et formidablement stimulant.
                                                                                                   
MURAKAMI Haruki
Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil

En tissant le destin d'un homme désenchanté qui, à l'aube de la quarantaine, se lance dans une quête d'absolu destructrice, Haruki Murakami signe une histoire d'amour bouleversante, véritable conte moderne dont émane un érotisme discret mais obsédant. Fidèle à la petite musique qui a fait sa renommée, l'auteur dessine une certaine image de la vie, lucide mais non dénuée d'espoir, imprégnée de magie mais profondément ancrée dans la modernité.

Chroniques de l'oiseau à ressort
Un chat égaré, une inconnue jouant de ses charmes au téléphone, ces événements anodins suffisent à faire basculer la vie d'un jeune chômeur dans un tourbillon d'aventures surprenantes. L'espace étroit de son quotidien devient le théâtre d'une quête métaphysique sans cesse renouvelée où rêves, réminiscences et réalités se confondent. L'écriture de Murakami dessine une nouvelle fois un parcours initiatique, localement restreint, mais chargé de rencontres mystérieuses et déroutantes. Replaçant la méditation bouddhique dans la violence contemporaine du Japon ou d'ailleurs, il emmène le lecteur dans un monde fantastique pour mieux figurer l'envol des sens, du sens.
Kafka sur le rivage
Magique, hypnotique, Kafka sur le rivage est un roman d'initiation où se déploient, avec une grâce infinie et une imagination stupéfiante, toute la profondeur et la richesse de Haruki Murakami. Une œuvre majeure, qui s'inscrit parmi les plus grands romans d'apprentissage de la littérature universelle. Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d'autres choses encore... Avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité.
Les amants du spoutnik
A 22 ans, Sumire se consacre à l'écriture et ses doutes existentiels resurgissent. Elle se confie à son meilleur ami, fou amoureux d'elle, mais d'un amour sans espoir puisque Sumire est amoureuse de Miu, une pianiste mariée. Par amitié, Miu lui propose de travailler pour sa société d'importation. Elles partent donc pour l'Europe mais une nuit, Miu rejette les avances de Sumire qui disparaît.
Le passage de la nuit
Tokyo, de nos jours, le temps d'une nuit. Un peu avant minuit, Mari Assaï, une jeune Tokyoïte, est assise dans un bar. Tout en fumant, elle boit du café et lit un gros livre. Un jeune homme entre et s'assied à ses côtés. Au cours de cette nuit, des personnes se rencontrent, des évènements surviennent, entre réalité et fantasme.
La ballade de l'impossible
Un superbe roman d'apprentissage aux résonances autobiographiques, dans lequel l'auteur fait preuve d'une tendresse, d'un charme poétique et d'une intensité érotique saisissants. Au cours d'un voyage en avion, le narrateur entend une chanson des Beatles : "Norwegian Wood". Instantanément, il replonge dans le souvenir d'un amour vieux de dix-huit ans. Quand il était lycéen, son meilleur ami, Kizuki, s'est suicidé. Kizuki avait une amie, Naoko. Ils étaient amoureux. Un an après ce suicide, le narrateur retrouve Naoko. Elle est incertaine et angoissée, il l'aime ainsi. Une nuit, elle lui livre son secret, puis disparaît...
MURAKAMI Ryû
Miso Soup
Kenji, un jeune Japonais de vingt ans, gagne sa vie en guidant des touristes dans le célèbre quartier louche de Kabukichô, à Tôkyô. C'est en compagnie de Frank qu'il parcourt durant trois nuits les lieux de plaisir de Shinjuku : trois nuits de terreur auprès d'un meurtrier inquiétant avec qui il joue au chat et à la souris. Ce roman court et percutant laisse une sorte d'amertume, un goût métallique pareil à celui du sang qui imprègne ces pages minutieuses décrivant l'agonie d'un monde sans âme et voué à la solitude.
"La littérature, nous dit Murakami, consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots... En écrivant ce roman je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures.

Kyoko

Dans ce roman, Murakami a voulu écrire, selon ses propres termes, un "roman sans drogue, sans violence et sans sexe, sur la renaissance et l'espoir". Kyoko a 21 ans. Elle est venue à New York à la recherche d'un souvenir d'enfance.

Dans cette histoire d'un voyage à travers les Etats-Unis, l'auteur donne tour à tour la parole aux différents personnages qu'elle croise. Obstinée et ingénue, animée d'un surprenant enthousiasme pour la vie, Kyoko les entraîne malgré eux dans son sillage.

Lignes
Nouvelles ou roman ? La frontière entre les deux genres est ténue dans ce recueil où chaque court chapitre révèle une tranche de vie : vingt personnages, pas moins, qui se succèdent et se croisent sans jamais vraiment de connaître, ou de loin. Des lignes qui se croisent, rarement emmêlées. Une violence qui est le seul médium entre les êtres, entre hommes et femmes, entre générations, un phénomène omniprésent qui trahit, selon l'auteur, la dépression généralisée de la société japonaise, "le sentiment de solitude et de tristesse qui a englouti le Japon contemporain depuis la fin de l'époque de modernisation".
NOSAKA Akiyuki
La Tombe des lucioles
Nouvelle d'Akiyuki Nosaka qui valut à son auteur en 1968 le prix Naoki, la plus grande distinction de la littérature populaire. C'est un récit violent où les mots d'argot détonnent et s'enchaînent aux visions d'horreur de ce monde dévasté par la guerre et où la faim tue. C'est surtout l'histoire de deux enfants qui s'aiment, presqu'une poésie. Cette nouvelle a permis à Isao Takahata d'effectuer un film magnifique d'une heure et demie : "Le Tombeau des Lucioles".
                                                                                                   
OGAWA Yôko
Amours en marge

Une jeune femme se réveille un matin dans un étrange silence. En l'espace d'une nuit, elle a perdu l'usage de ses oreilles, s'est égarée dans l'immensité d'un bruit blanc, d'une sonorité jusqu'alors imperceptible : le bruissement de ses souvenirs... Amours en marge, premier roman "long" de Yoko Ogawa, est paru au Japon en 1991. Depuis, la romancière japonaise s'est s'aventurée de plus en plus loin dans la "forêt des mots" pour explorer les territoires de la mémoire, et tenter d'appréhender l'indicible.

Tristes revanches
Une jeune femme entre dans une pâtisserie pour acheter un gâteau d'anniversaire à son fils mais il est mort depuis longtemps. Une romancière vit dans un appartement donnant sur un jardin potager qui regorge de légumes, de surprenants légumes… Un journaliste arrive dans un hôtel sur lequel il doit écrire un article. Dans sa chambre s'est installée une femme. Elle s'en va aussitôt mais ne quitte pas les abords de l'hôtel. Elle rôde en portant un curieux fardeau…
Dans chacune de ces onze nouvelles, un détail, parfois infime, évoque la précédente ou annonce la suivante pour former un ruban, une spirale, une chaîne soutenant la trame du livre et créant ainsi une subtile mise en abyme.
                                                                                                   
Parfum de glace
A la mort de son compagnon, Ryoko réalise qu'elle ne savait rien de lui. Le jeune homme, prénommé Hiroyuki, s'est suicidé dans son laboratoire de parfumeur, où il composait des senteurs exceptionnelles en mettant en pratique son incomparable mémoire olfactive et ses capacités scientifiques. En retournant sur les lieux du drame, Ryoko espère comprendre les raisons de cet acte désespéré, mais elle ne trouve rien si ce n'est quelques phrases énigmatiques enregistrées sur une disquette. Incapable de faire le deuil de cet homme étrange, Ryoko recompose lentement son passé. Et c'est à Prague, où il serait venu quinze ans plus tôt, que la mémoire et les parfums se répondent…
                                                                                                   
La Piscine, les Abeilles, la Grossesse
Dans La Piscine, la fille du directeur d'un orphelinat partage la vie quotidienne de tous les enfants de l'institution, exactement comme si elle non plus n'avait pas de famille. A un cousin éloigné qui sollicite son aide pour trouver un logement, une jeune femme recommande le foyer où elle vivait lorsqu'elle était étudiante. Le directeur, personnage singulier qui a, dans un accident, perdu tous ses membres sauf une jambe, leur fait savoir que l'établissement est désormais à peu près désert et qu'un processus de dégradation est à l'œuvre… Tel est le thème des Abeilles.
Dans La Grossesse, la narratrice observe sa sœur enceinte d'un œil scrutateur et cruellement objectif, qui relève avec plaisir les désagréments et petits tracas de sa vie quotidienne. Le principal souci de ces mois de grossesse est la nourriture… Ces trois textes ont en commun leur simplicité et leur concision exemplaires. On y retrouve également des personnages à la naïveté cruelle, à la perversité troublante, et des situations à l'étrangeté menaçante. Yôko Ogawa manipule merveilleusement l'art de la description, qui s'arrête sur les détails pour révéler des émotions profondément enfouies dans l'inconscient des êtres. Yôko Ogawa est née en 1962. Remarquée dès son premier roman, pour lequel elle obtient en 1988 le prix Kaien, sa renommée ne cesse de croître, et, en 1991, elle remporte le prestigieux prix Akutagawa pour La Grossesse.
                                                                                                   
TSUJI Hitonari
Le Bouddha blanc
À la veille de sa mort, Minoru, le héros du roman, récapitule son existence. Il revoit son enfance avec des garnements de son âge qui se livrent à des jeux violents, parfois équivoques. Il revit son premier amour pour la troublante Otowa, qui meurt mystérieusement, son mariage, sa vie de bon père de famille, qui a transformé la forge de son père en usine de machines pacifiques. Et, enfin, pour exorciser ses hantises, dont celle d'avoir tué un jeune soldat russe avec son sabre, il édifiera une statue géante de Bouddha blanc avec tous les ossements des ancêtres de son village, manière pour lui de perpétuer le souvenir de tous les disparus.
Hitonari Tsuji, né à Tokyo en 1959, est très connu au Japon comme poète et comme chanteur de rock. Pour écrire Le Bouddha blanc, il s'est inspiré de l'histoire de son grand-père. Auteur de plusieurs romans qui ont remporté un immense succès, il est considéré dans son pays comme un des chefs de file d'une nouvelle génération d'écrivains.
WATAYA Risa
Appel du pied

A dix-neuf ans, Wataya Risa est la plus jeune lauréate jamais couronnée du prix Akutagawa, le Goncourt japonais. Ce journal intime d'une jeune fille qui n'arrive pas à s'intégrer dans sa classe est au plus près des sensations, de la contradiction des sentiments qui affleurent sous la surface unie des apparences.
YOSHIDA Shuichi
Park Life

Ce petit roman est une bouffée d'air pur dans la vie affairée et raisonnabledes citoyens du XXIe siècle que nous sommes. Un air venu du parc de Hibiya à Tôkyô, où l'on pénètre sur les pas d'un jeune employé légèrement excentrique, et soudain "l'exhalaison de terre et d'herbe vous chatouille les narines".
YOSHIMOTO Banana
Kitchen
Ce roman, le premier de l'auteur, fut accueilli avec enthousiasme au Japon, en particulier par la jeunesse. Mikage, l'héroïne, aime les réfrigérateurs et les cuisines. Elle s'y replie à la mort de sa grand-mère, son unique famille, et a la tentation d'une vie végétative. Mais elle en est sortie par un garçon étrange et sa mère qui l'invitent à habiter chez eux.
Des thèmes identiques sont développés dans le récit qui suit, Moonlight Shadow, qui relate la douloureuse renaissance de Satsuki après la mort soudaine de son petit ami.
YOSHIMURA Akira
Naufrages

Dans ce village japonais coupé du monde, entre mer et montagnes, il faut survivre. Les étranges cérémonies de prières pour éloigner les démons ou appâter les poissons encouragent les hommes à braver la mer. Au rythme des saisons, le produit de la pêche, séché par les femmes est échangé contre quelques sacs de céréales, au-delà des montagnes. L'hiver, lorsque la mer se déchaîne, le chef du village ordonne d'allumer la nuit de grands feux pour sécher le sel, espoir surtout d'attirer vers la lumière les bateaux en perdition qui s'échouent sur les récifs. Reste à achever les survivants, récupérer la cargaison et la famine sera conjurée pour des mois.

Un jour, pourtant, accoste un étrange navire. L'histoire se déroule à travers les yeux d'un enfant devenu l'homme de la famille car son père, trop pauvre, s'est vendu pour trois ans en ville. Jour après jour, saison après saison, il apprend cette vie rude, impitoyable, sans douceur, ni trop d'amour. Une écriture terriblement sobre et réaliste renforce ce conte désespéré et très japonais.

YU Miri
Jeux de famille

Jeux de famille et Pousses de Soja sont deux nouvelles narrées à la première personne par deux femmes d'une vingtaine d'années, toutes deux plus ou moins artistes (la première travaille dans le domaine théâtral, la seconde est illustratrice), qui, malgré leur allure de femmes modernes libérées, ont des difficultés à trouver un sens à leur vie, oscillant entre liberté et sens traditionnel de la famille. Des familles pourtant désaxées, en pleine déchéance mentale et morale (divorces, adultère, stérilité, folie et névrose...). Une déconstruction qui symbolise, sur une grande échelle, la destruction progressive de la société japonaise (crise économique, crise des valeurs, instabilité professionnelle...), qui elle aussi, oscille entre tradition et modernité.
En petites touches, Yu Miri tisse la toile qui se referme sur les deux héroïnes. Ce sont des récits déclinés au féminin, dans lesquels les hommes font piètre figure, désinvoltes, faibles ou retardés, incapables de gérer leur vie sans leurs mères garantes de traditions archaïques et hypocrites ; et ce dernier point pourrait s'appliquer à toute société actuelle en perte de balises.

Poissons nageant entre les pierres

Hiraka, une jeune dramaturge japonaise d'origine coréenne, est invitée en Corée pour présenter l'une de ses pièces en cours d'adaptation. L'opportunité est exceptionnelle pour une artiste appartenant à cette minorité et - non sans appréhension -, Hiraka accepte cette proposition. A Séoul, elle est accueillie par Rifa, une étudiante dont la singularité la touche immédiatement, mais cette amitié naissante sera interrompue par un affreux malentendu au sujet de l'exploitation médiatique de la pièce. Pour la première fois de sa vie Hiraka se trouve violemment confrontée à sa double appartenance. Choquée et déçue par ses interlocuteurs professionnels, elle quitte le pays. De retour à Tokyo, la jeune femme retrouve les difficultés inhérentes à l'instabilité de sa famille, à la complexité de ses amours, et c'est dans ce climat d'incertitude et d'intense solitude qu'elle reçoit un appel téléphonique de Rifa lui annonçant son arrivée prochaine au japon... Ce livre est un texte poétique fort et chaotique sur l'introspection identitaire, sur la place et la liberté de la femme au japon, sur celles des minorités dans l'Asie urbaine d'aujourd'hui.

(voir aussi "regards étrang